mardi 18 septembre 2012

Méfiez-vous des apparences


FRAT MAG 02
EN COUVERTURE
ESCORT GIRLS
L’univers caché des belles, chics et pas seulement «Intellos»
Ne les enviez surtout pas, lorsque vous les croisez dans la rue, un supermarché, un café ou à un gala. Belles, jeunes, élégantes et diplômées, toujours au volant d’une rutilante voiture à la mode, pour la plupart d’entre elles, vous les verrez, rarement, vivre avec un homme. Quand vous leur posez la question de savoir pourquoi une jeune femme, si belle avec une bonne situation sociale ne vit-elle pas, maritalement, à tout le moins, elles vous répondront, évasivement, dans 80% des cas: «Laisses-tomber cher ami, mon gars vit aux States, en Europe, etc. Tu es mon pote et si ça arrive qu’on a un flash, on peut se gérer, sans plus».
Mais à force de relation désintéressée, s’appuyant sur l’immersion dans le milieu des Escort girls et présenté par l’une qui force l’admiration dans le milieu, des filles Bon chic bon genre d’Abidjan, se décident à nous expliquer leur vie. Leur «vraie vie». Derrière les Vuitton, Dolce &Gabanna, et tout l’arsenal des marques de luxe  qu’elles exhibent avec  ostensiblement, sans compter les appartements haut standing et les bolides, la vie d’une Escort girl, comme il est admis de les appeler, n’est pas de tout repos et est, au dire de certaines d’entre elles, plus contraignante que celle d’une prostituée.
Incursion dans l’univers de ces belles, qui auraient pu être des modèles. Hélas.
Mady, 27 ans, titulaire d’une maîtrise en communication, obtenue à l’Université d’Abidjan, en 2006 confie que leur mission qui est celle de «rendre agréable les séjours de diplomates et autres hommes d’affaires de passage en Côte d’Ivoire ou de celui d’officiels et businessmen ivoiriens à l’Etranger», n’est pas chose aisée. «Grand frère», interpelle-t-elle, «De la manière dont tu me vois, souvent, à la descente de l’agence de transit où je suis cadre commerciale et marketing, m’offrir et t’offrir des tournées de Chivas ou de Jack Daniels, n’est pas fortuit. En fait, dans les hôtels, pubs et autres restaurants que je fréquente, je suis inscrite dans le pipeline du couple qui gère notre réseau. Donc, très souvent, en feignant ne pas nous connaître, en raison des exigences du client qui nous sont rapportées minutieusement par la régisseuse, nous essayons, tout en étant discrètes, de nous faire remarquer, individuellement. Ainsi, en faisant la causette avec un journaliste qui a de la cote, un artiste reconnu ou une personnalité, ça fait grimper notre cote à nous». En 6 ans d’expérience dans le milieu, elle affirme n’avoir jamais couché plus de trois fois avec le même client. «C’est même proscrit», précise Mady. De l’Espagne en Turquie, en passant par le Maroc, le Nigeria, l’Ethiopie, les Emirats Arabes Unis, la Guinée ou le Ghana, elle en a vu des vertes et des pas mûres. Mais, cette orpheline de père depuis l’âge de 16 ans, puis de mère à 21 ans, n’a aucun remord sur son style de vie. Elle s’enorgueillit d’avoir pu quitter les bas-fonds de MarcorySicogi pour se retrouver aux Deux Plateaux Les vallons où elle nous reçoit dans un décor de rêve sur la berge de sa piscine.
Dans le même tempo, K.S., un brin d’amertume dans le coin de l’œil, mais le regard toujours rempli de malice, affirme que c’est en tant que déplacée de guerre et asservie par la précarité qu’elle a pris conscience que sa plastique sulfureuse ne laissait personne indifférent. Surtout, les hommes plus âgés, alors qu’elle n’était, en 2003, âgée que de 15 ans. Ayant frappé dans l’œil d’une jeune dame qui faisait l’objet de ragots sans preuves d’être une prostituée, mais aussi de fantasmes des hommes dans son quartier d’accueil à Angré, cette dernière l’initie au métier d’Escort girl. Règle numéro 1: «Si tu n’as pas au moins le niveau Bas, ma petite, c’est-à-dire, te donner les atouts pour te prendre toi-même en charge, une fois que tu auras fait le tour de ces hommes importants, ce n’est pas la peine». En fait, Maryse avec qui nous avons eu le loisir de discuter un soir, à Assinie avec un des «gros bonnets» que nous connaissons, la jeune dame qui a vécu longtemps à Strasbourg en France, cette expérience pendant qu’elle y était étudiante explique en quoi consiste cette activité:«Une Escort n’est pas une femme, elle est un objet». Puis, après avoir étouffé deux sanglots, entre deux bouffés de cigarette, de poursuivre: «Nous n’avons pas le droit de prendre quelques kilos sans les voir, tout  de suite, sortir de leurs gonds, les clients comme les patrons, car, s’il est avéré que nous ne devons avoir des relations de longue durée avec les clients, nous n’avons pas, une fois qu’ils payent gros, le droit d’être malades sans nous faire insulter parce que nous ne sommes plus disponibles au moment pile où ces messieurs le désirent ; un objet ne tombe pas malade… ».

Quelle différence avec une prostituée ?
«La différence entre l’Escort et la prostituée, c’est que la première passe sa soirée avec un seul client, et la seconde, autant qu’elle en veut, à son gré». Cette réponse de T.K, ex-candidate au concours de beauté Miss Côte d’Ivoire et reconvertie en Escort, fait ressortir un détail qui vaut son pesant d’or. En effet,  c’est une différence de classe. On n’invite pas au restaurant une prostituée de rue. Mais l’Escort si. Mieux, c’est parfois elle qui invite. Mais à un moment, elle est obligée de faire de l’abattage chez elle. Pour éviter qu’un gros payeur ne se fâche à jamais avec tout le réseau.
Mais que font-elles de leur argent ?
P. K.S (nom de code, Ndlr), une journaliste, mais aussi ancienne Escort, témoigne: «L’argent, c’est super dangereux. Avec 50 000 ou 60 000 Cfa, en moyenne par jour, on en garde moins qu’avec 2 millions Cfa par mois. Avec tout ce que j’ai gagné, pourquoi est-ce que j’en ai mis si peu de côté? On a, toutes, le même problème ; on est tellement mal qu’on a besoin de compenser. On achète des trucs incroyables, on ne regarde plus les prix. Maintenant, je regarde et ça me fait du bien de revenir dans le réel. Ce monde-là est trop dangereux. Le plus dur, c’est la peur du lendemain, l’insécurité.
Je me suis toujours forcée à arrêter au bout d’une certaine somme. Je savais que ce n’était pas ça la vie. J’étais complètement hors réalité. Et puis il y a le piège de l’alcool. Je buvais pas mal. Et  suite à un braquage, au sortir d’un night-club avec une personnalité, je ne dormais plus. Je suis devenue, au bout du compte, alcoolique. J’ai réussi à arrêter petit à petit».
Quand Internet  devient le nouveau terrain de chasse
 Quelques Escort-girls rapportent que certaines sont contactées sur les forums Internet. En général, elles sont très seules et c’est un moyen de se sentir protégée.
Généralement, celles-ci rêvent d’immigrer en Europe. Délaissant leur relative stabilité, ici, pour un hypothétique bonheur, là-bas.
B…oo, M….ic, S….x, etc., sont autant de sites de rencontres où se pêchent, à la pelle, ces filles avides de gloire. Même sur des réseaux plus sérieux comme Facebook ou Twitter, les plus entreprenantes n’hésitent pas à vendre leurs services, sans vergogne. Alléguant qu’elles peuvent, aussi bien utiles, en dame de compagnie pour un gala, une mission. Sans plus. Comme elles pourraient l’être au lit ou au boulot. Oui boulot, parlons-en. Quand elles ont fait le tour, moins sur le Net que dans la vie, elles s’ouvrent ou se font ouvrir qui, une agence d’hôtesses et de mannequins qui pourrait servir de pépinière pour le métier d’Escort, qui, un salon de coiffure et d’esthétique, de couture, ou encore une agence de voyage ou de com, pour pérenniser la tradition.
La Toile est moins radieuse. Les plus chanceuses se contenteront d’un «Vieux blanc» retraité, comme ce fut le cas pour Safi qui habite la Riviera Palmeraie. La plupart du temps, nos «belles du Net» sont abonnées aux désillusions et désenchantements qui mènent à la prostitution vraie. Il y en a, ainsi, qui ont été mises, in fine,  au trottoir à 20 ans, à peine par des clients aux pratiques sexuelles peu recommandables. Battues, ou plutôt fouettées, menottées si ne sont pas elles qui le font à la demande de leurs pervers de contacts, d’autres ont même plongé dans des drogues dures, et en gardent une haine immense.
Beaucoup de ces filles disent que c’est un super job. Elles se voilent la face, pour celles qui ont pu s’en sortir, car estiment-elles, «elles n’osent pas dire la vérité». Elles ont 30 ans. Et après, et leur avenir ? Et le trou dans leur CV ? «Moi, quand j’arrive pour un entretien d’emploi, on me demande déjà des explications pour une année ou deux où je n’ai rien et qui équivalent à mes périodes intenses d’Escort. C’était après mon agression, j’avais pris une ou deux années sabbatiques», confesse C.H. car, après tout ce mirage, il faut bien penser aux vieux jours de ces fleur qui aura flétri au prix des vices et de la fornication sur l’autel de l’argent et de la gloire. Entre-temps, des maternités seront passées par là, la famille aura compris tout l’artefact. L’âge d’or n’étant donc plus pour demain, il faut pouvoir vivre avec lucidité.

REMI COULIBALY

FRAT MAG 02
EN COUVERTURE
ESCORT GIRLS
L’univers caché des belles, chics et pas seulement «Intellos»
Ne les enviez surtout pas, lorsque vous les croisez dans la rue, un supermarché, un café ou à un gala. Belles, jeunes, élégantes et diplômées, toujours au volant d’une rutilante voiture à la mode, pour la plupart d’entre elles, vous les verrez, rarement, vivre avec un homme. Quand vous leur posez la question de savoir pourquoi une jeune femme, si belle avec une bonne situation sociale ne vit-elle pas, maritalement, à tout le moins, elles vous répondront, évasivement, dans 80% des cas: «Laisses-tomber cher ami, mon gars vit aux States, en Europe, etc. Tu es mon pote et si ça arrive qu’on a un flash, on peut se gérer, sans plus».
Mais à force de relation désintéressée, s’appuyant sur l’immersion dans le milieu des Escort girls et présenté par l’une qui force l’admiration dans le milieu, des filles Bon chic bon genre d’Abidjan, se décident à nous expliquer leur vie. Leur «vraie vie». Derrière les Vuitton, Dolce &Gabanna, et tout l’arsenal des marques de luxe  qu’elles exhibent avec  ostensiblement, sans compter les appartements haut standing et les bolides, la vie d’une Escort girl, comme il est admis de les appeler, n’est pas de tout repos et est, au dire de certaines d’entre elles, plus contraignante que celle d’une prostituée.
Incursion dans l’univers de ces belles, qui auraient pu être des modèles. Hélas.
Mady, 27 ans, titulaire d’une maîtrise en communication, obtenue à l’Université d’Abidjan, en 2006 confie que leur mission qui est celle de «rendre agréable les séjours de diplomates et autres hommes d’affaires de passage en Côte d’Ivoire ou de celui d’officiels et businessmen ivoiriens à l’Etranger», n’est pas chose aisée. «Grand frère», interpelle-t-elle, «De la manière dont tu me vois, souvent, à la descente de l’agence de transit où je suis cadre commerciale et marketing, m’offrir et t’offrir des tournées de Chivas ou de Jack Daniels, n’est pas fortuit. En fait, dans les hôtels, pubs et autres restaurants que je fréquente, je suis inscrite dans le pipeline du couple qui gère notre réseau. Donc, très souvent, en feignant ne pas nous connaître, en raison des exigences du client qui nous sont rapportées minutieusement par la régisseuse, nous essayons, tout en étant discrètes, de nous faire remarquer, individuellement. Ainsi, en faisant la causette avec un journaliste qui a de la cote, un artiste reconnu ou une personnalité, ça fait grimper notre cote à nous». En 6 ans d’expérience dans le milieu, elle affirme n’avoir jamais couché plus de trois fois avec le même client. «C’est même proscrit», précise Mady. De l’Espagne en Turquie, en passant par le Maroc, le Nigeria, l’Ethiopie, les Emirats Arabes Unis, la Guinée ou le Ghana, elle en a vu des vertes et des pas mûres. Mais, cette orpheline de père depuis l’âge de 16 ans, puis de mère à 21 ans, n’a aucun remord sur son style de vie. Elle s’enorgueillit d’avoir pu quitter les bas-fonds de MarcorySicogi pour se retrouver aux Deux Plateaux Les vallons où elle nous reçoit dans un décor de rêve sur la berge de sa piscine.
Dans le même tempo, K.S., un brin d’amertume dans le coin de l’œil, mais le regard toujours rempli de malice, affirme que c’est en tant que déplacée de guerre et asservie par la précarité qu’elle a pris conscience que sa plastique sulfureuse ne laissait personne indifférent. Surtout, les hommes plus âgés, alors qu’elle n’était, en 2003, âgée que de 15 ans. Ayant frappé dans l’œil d’une jeune dame qui faisait l’objet de ragots sans preuves d’être une prostituée, mais aussi de fantasmes des hommes dans son quartier d’accueil à Angré, cette dernière l’initie au métier d’Escort girl. Règle numéro 1: «Si tu n’as pas au moins le niveau Bas, ma petite, c’est-à-dire, te donner les atouts pour te prendre toi-même en charge, une fois que tu auras fait le tour de ces hommes importants, ce n’est pas la peine». En fait, Maryse avec qui nous avons eu le loisir de discuter un soir, à Assinie avec un des «gros bonnets» que nous connaissons, la jeune dame qui a vécu longtemps à Strasbourg en France, cette expérience pendant qu’elle y était étudiante explique en quoi consiste cette activité:«Une Escort n’est pas une femme, elle est un objet». Puis, après avoir étouffé deux sanglots, entre deux bouffés de cigarette, de poursuivre: «Nous n’avons pas le droit de prendre quelques kilos sans les voir, tout  de suite, sortir de leurs gonds, les clients comme les patrons, car, s’il est avéré que nous ne devons avoir des relations de longue durée avec les clients, nous n’avons pas, une fois qu’ils payent gros, le droit d’être malades sans nous faire insulter parce que nous ne sommes plus disponibles au moment pile où ces messieurs le désirent ; un objet ne tombe pas malade… ».

Quelle différence avec une prostituée ?
«La différence entre l’Escort et la prostituée, c’est que la première passe sa soirée avec un seul client, et la seconde, autant qu’elle en veut, à son gré». Cette réponse de T.K, ex-candidate au concours de beauté Miss Côte d’Ivoire et reconvertie en Escort, fait ressortir un détail qui vaut son pesant d’or. En effet,  c’est une différence de classe. On n’invite pas au restaurant une prostituée de rue. Mais l’Escort si. Mieux, c’est parfois elle qui invite. Mais à un moment, elle est obligée de faire de l’abattage chez elle. Pour éviter qu’un gros payeur ne se fâche à jamais avec tout le réseau.
Mais que font-elles de leur argent ?
P. K.S (nom de code, Ndlr), une journaliste, mais aussi ancienne Escort, témoigne: «L’argent, c’est super dangereux. Avec 50 000 ou 60 000 Cfa, en moyenne par jour, on en garde moins qu’avec 2 millions Cfa par mois. Avec tout ce que j’ai gagné, pourquoi est-ce que j’en ai mis si peu de côté? On a, toutes, le même problème ; on est tellement mal qu’on a besoin de compenser. On achète des trucs incroyables, on ne regarde plus les prix. Maintenant, je regarde et ça me fait du bien de revenir dans le réel. Ce monde-là est trop dangereux. Le plus dur, c’est la peur du lendemain, l’insécurité.
Je me suis toujours forcée à arrêter au bout d’une certaine somme. Je savais que ce n’était pas ça la vie. J’étais complètement hors réalité. Et puis il y a le piège de l’alcool. Je buvais pas mal. Et  suite à un braquage, au sortir d’un night-club avec une personnalité, je ne dormais plus. Je suis devenue, au bout du compte, alcoolique. J’ai réussi à arrêter petit à petit».
Quand Internet  devient le nouveau terrain de chasse
 Quelques Escort-girls rapportent que certaines sont contactées sur les forums Internet. En général, elles sont très seules et c’est un moyen de se sentir protégée.
Généralement, celles-ci rêvent d’immigrer en Europe. Délaissant leur relative stabilité, ici, pour un hypothétique bonheur, là-bas.
B…oo, M….ic, S….x, etc., sont autant de sites de rencontres où se pêchent, à la pelle, ces filles avides de gloire. Même sur des réseaux plus sérieux comme Facebook ou Twitter, les plus entreprenantes n’hésitent pas à vendre leurs services, sans vergogne. Alléguant qu’elles peuvent, aussi bien utiles, en dame de compagnie pour un gala, une mission. Sans plus. Comme elles pourraient l’être au lit ou au boulot. Oui boulot, parlons-en. Quand elles ont fait le tour, moins sur le Net que dans la vie, elles s’ouvrent ou se font ouvrir qui, une agence d’hôtesses et de mannequins qui pourrait servir de pépinière pour le métier d’Escort, qui, un salon de coiffure et d’esthétique, de couture, ou encore une agence de voyage ou de com, pour pérenniser la tradition.
La Toile est moins radieuse. Les plus chanceuses se contenteront d’un «Vieux blanc» retraité, comme ce fut le cas pour Safi qui habite la Riviera Palmeraie. La plupart du temps, nos «belles du Net» sont abonnées aux désillusions et désenchantements qui mènent à la prostitution vraie. Il y en a, ainsi, qui ont été mises, in fine,  au trottoir à 20 ans, à peine par des clients aux pratiques sexuelles peu recommandables. Battues, ou plutôt fouettées, menottées si ne sont pas elles qui le font à la demande de leurs pervers de contacts, d’autres ont même plongé dans des drogues dures, et en gardent une haine immense.
Beaucoup de ces filles disent que c’est un super job. Elles se voilent la face, pour celles qui ont pu s’en sortir, car estiment-elles, «elles n’osent pas dire la vérité». Elles ont 30 ans. Et après, et leur avenir ? Et le trou dans leur CV ? «Moi, quand j’arrive pour un entretien d’emploi, on me demande déjà des explications pour une année ou deux où je n’ai rien et qui équivalent à mes périodes intenses d’Escort. C’était après mon agression, j’avais pris une ou deux années sabbatiques», confesse C.H. car, après tout ce mirage, il faut bien penser aux vieux jours de ces fleur qui aura flétri au prix des vices et de la fornication sur l’autel de l’argent et de la gloire. Entre-temps, des maternités seront passées par là, la famille aura compris tout l’artefact. L’âge d’or n’étant donc plus pour demain, il faut pouvoir vivre avec lucidité.

REMI COULIBALY

Frat mag; la révolution de l'info people et de la culture



Droit d’auteur. Administrations, publiques comme privées, universités et établissements de tous cycles, citoyens lambdas et reprographes professionnels sont au centre d’un scandale.

Le photocopillage, le plus grand réseau de pirates…
Avec ses 522 sections, 10 000 adhérents (officiels) et plus d'un million de membres, en 2011, de facto, la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) faisait peur. Elle n’est pas dissoute. Et, en plus d’elle, la pratique de la photocopie des fascicules et autres manuels didactiques dont elle avait fait un vrai business organisé sur les campus et cités de Côte d’Ivoire, était devenue une attitude naturelle du monde estudiantin ivoirien estimé à une population cumulée d’environ 1 million d’étudiants.
Avec la rentrée universitaire annoncée pour le 3 septembre prochain, auteurs et acteurs de la chaîne du livre (éditeurs, libraires, revendeurs, distributeurs, imprimeurs…) sonnent l’alerte. Et pourtant, certains des corps de métiers qui dénoncent l’abus des photocopies ou le photocopillage, en sont des acteurs en amont. A l’index: les enseignants.
Et les universités (et grandes écoles) ne sont que la partie visible de l’iceberg de cette forme de piratage des œuvres de l’esprit. Plus nocive que celle, tout aussi décriée, mais plus médiatisée, des phonogrammes (Cd et Dvd).
Des bureaux d’état civil, à la direction des examens et concours, en passant par des librairies, bibliothèques, centres de documentation, rédactions, cabinets ministériels, etc., le phénomène est plus endémique que certaines pathologies de santé publique.
En effet, la pratique systématique des copies (données, textes, images et sons) ou reprographie est chose courante dans l’administration publique, au du sommet à la base, les entreprises privées, les lycées et collèges, dans la… rue! Tous coupables donc.
Et pourtant, la reprographie est balisée par la loi. Notamment celle de 1996 portant réglementation du droit d’auteur, renforcée par de nombreux décrets dont celui de novembre 2008, portant réforme du Bureau ivoirien du droit d’auteur (Burida).
C’est donc dans une posture d’introspection sur le champ de ses missions que le Burida, à l’initiative de sa directrice générale, Mme Irène Assa Vieira, a organisé, la semaine dernière un atelier.
A l’insu de son plein gré, pourrait-on caricaturer, au sortir de cette autocritique, l’ampleur des dégâts est inestimable.
Première  activité des industries culturelles
Sous l’égide du ministère de la Culture et de la Francophonie, donc, le Burida, en collaboration avec l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (Ompi) et la Fédération internationale des organisations de gestion des droits de reprographie (Iffro),  un atelier s’est tenu, les 3 et 4 juillet, à l’hôtel Novotel,  sur la gestion collective des droits de reproduction par reprographie.
En effet, à en croire Mme Irène Vieira, directeur général du Burida, au sujet de l’opportunité d’une telle rencontre, «il est impératif que les auteurs dont les œuvres font l’objet d’une utilisation par la photocopie et les applications qui en dérivent puissent bénéficier des revenus générés».
Car, au dire les experts, «Les secteurs liés à l’édition et l’imprimerie se situent au rang des plus rentables des industries culturelles en Côte d’Ivoire».
Mmes Ingrid de Ribaucourt (conseiller juridique principal de l’Iffro), Sandra Chastanet (manager au Centre français d’exploitation des droits de copie, Cfc), M. Kurt Van Damme (directeur juridique de la Société belge de gestion des droits de reprographie, Reprobel), Pr Denis Bohoussou (Dg de l’Office ivoirien de la propriété intellectuelle, Oipi), MM. Yao Norbert Etranny (ancien Dg du Burida et du Cnac) et Serges Akpatou (directeur des affaires juridiques et des stratégies de développement au Burida) sont les experts qui ont animé l’atelier. Dont les objectifs clairement définis étaient de créer les conditions de l’exercice par le Burida des droits de reproduction par reprographie. Notamment, par la mise sur pied d’un environnement juridique favorable, la formation des agents du Burida chargés de la perception, la documentation et la répartition des droits de reprographie. Au-delà, l’atelier d’Abidjan vise, in fine, à sensibiliser les sociétaires, les utilisateurs et les autorités à la création d’un cadre adjuvant à la gestion collective desdits droits.
Car, le Burida, plus actif dans la gestion collective des droits musicaux au détriment de ses sociétaires relevant d’autres domaines artistiques tels que l’audiovisuel, les arts dramatiques et visuels, la littérature, pour mériter, pleinement, son statut de société pluridisciplinaire, devra assurer, au profit des différents ayants droit, la perception et la répartition des droits qui relèvent de son champ de compétence, en donnant la priorité à ceux qui font l’objet d’une exploitation intensive. A l’instar des métiers de l’imprimerie et de l’édition.
Copie et pillage, mode d’emploi
Le photocopillage est un mot-valise mettant en valse les termes copie et pillage. Il désigne l'opération qui consiste, pour une personne physique ou morale, à dupliquer ou exploiter un contenu intellectuel encore protégé par le droit d’auteur, sans autorisation ou sans respecter les termes de la licence décrivant ses droits de reproduction.
Selon les cas, la copie d'une œuvre peut être légale (notamment si elle est tombée dans le domaine public, ou à l'inverse illégale du fait des restrictions relatives au droit d’auteur. Bon nombre d'éditeurs, producteurs, auteurs ou ayants droit, voient prioritairement ces pratiques comme causes d'un manque à gagner, les usagers accédant aux œuvres sans contribuer financièrement. À l'inverse, certains usagers ou observateurs considèrent qu'il s'agit de pratiques favorisant la «diffusion culturelle».
Le terme photocopillage s'applique plus particulièrement à la duplication d'œuvres au moyen d'un photocopieur, (abusivement désigné comme photocopieuse en Côte d’Ivoire) dans les entreprises et établissements, ou encore les institutions, en dehors des prestataires reprographes agréés pour cette tâche (qui, en principe),  au regard de la loi, devraient verser une redevance compensatoire collectée par le Burida.
Le néologisme photocopillage a été inventé, dans les années 1980, par certains éditeurs français pour associer une connotation négative à la duplication, afin de lutter contre cette pratique qui se développait grâce à la banalisation du photocopieur. Certains éditeurs ont apposé un label au dos des livres, ou une mention bien visible dans les inter-pages, notamment pendant la décennie 90: «DANGER le photocopillage tue le livre».
L’enseignement dans la ligne de mire
Cette action des éditeurs visait plus particulièrement le monde de l'enseignement, où l'intérêt économique des éditeurs serait de vendre un exemplaire complet de chaque livre par étudiant ou élève. Ainsi ce label était parfois assorti de mentions mettant explicitement en garde les enseignants, par exemple:
«Le photocopillage, c'est l'usage abusif et collectif de la photocopie sans autorisation des auteurs et des éditeurs».
 Expliquant la posture des éditeurs face au fléau et corrélativement à l’usage du label,  Anges Félix N’Dakpri, président de l’Association des éditeurs ivoiriens (Assedi), secrétaire général de Réseau des éditeurs africains (Apnet), explique: «Le photocopillage menace l'avenir du livre, car il met en danger son avenir économique. Il prive les auteurs d'une juste rémunération.
En dehors de l'usage privé du copiste, toute reproduction totale ou partielle d’un ouvrage est interdite».
Au sortir de l’atelier, Serges Akpatou (responsable juridique du Burida), pense que la solution en vue et techniquement opératoire, dans l’urgence, est celle militant pour que des forfaits annuels sont versés à l’organisme collecteur qui redistribue cette ressource aux ayants droit: le Burida.

Parmi les documents papier les plus exploités dans les établissements d'enseignement primaires et secondaires, certains sont explicitement destinés à la duplication. Ils sont couramment appelés «fichiers» ou «polycopies» et présentés sous forme de fiches d'exercices non reliées.

Un «manque à gagner» important

Les éditions universitaires (sciences humaines et sociales, sciences techniques et médicales) connaissent depuis quelques années de sérieuses difficultés économiques que les professionnels s'efforcent d'analyser lors de nombreux colloques, rencontres, conférences de presse, également dans de nombreux articles de revues et quotidiens, et pour lesquelles ils essayent de trouver des solutions pour l'avenir. A ce sujet, explique Mme Isabelle Kassi-Fofana, chef du département Editions du groupe Fraternité Matin, explique:«Freiner, pour ne pas dire arrêter, l'inquiétante évolution en cours est une priorité à l'heure actuelle si l'on veut éviter la disparition complète de ce secteur éditorial».
François Gèze, des Editions La Découverte en France, développe, joint par courrier électronique, propose, à l’instar du plaidoyer qu’il a lancé, en avril dernier en Hexagone,  «de renforcer le code de la propriété intellectuelle qui instaurerait l'obligation de verser une redevance au Burida, qui seule aurait le droit d'autoriser la photocopie, qui serait chargée de la gestion des sommes perçues et, disposant de moyens d'actions efficaces, serait la seule force d'intervention auprès des contrefacteurs». 

Numérisation et édition

Il ne faut pas dissocier, au dire de bien d’experts de la question les problèmes posés par le photocopillage  de ceux posés par les Technologies de l’information et de la communication (Tic) et de reproduction: vidéo, photographie, reproduction laser, numérisation.

Tout ceci dans l'optique d'éviter de nuire à l'édition d'érudition et de fournir des conditions de prix et d'accès non dissuasifs. Armang Gérard Obou, ingénieur expert du Bureau national d’études techniques et de développement (Bnetd), ancien Dg du Burida, évoque à ce sujet, les difficiles contacts avec les éditeurs: «Une minorité d'entre eux comprend les problèmes posés par l'arrivée de l'édition électronique et est prête à accompagner d’éventuelles réformes, une grande majorité redoutant que leur monopole ne s'écroule dans le monde de l’édition plurielle, et refusant l'idée même de négociations». Avant de renchérir que la question vaut, tout aussi, pour la presse papier dans ses rapports avec la presse électronique.

Quels sont les dangers de la numérisation par rapport à la photocopie matérielle? Ces dangers résident dans la duplication à l'infini de textes ou de corpus de textes, sans aucune mesure avec la photocopie, ainsi que dans les possibilités de fuite, de piratage, d'atteintes au droit moral et patrimonial...
Un travail commun secteur privé-secteur public s'impose pour trouver des solutions acceptables par tous et pour tous les partenaires: alerter, sensibiliser de façon plus poussée les éditeurs, les auteurs, les enseignants, les étudiants, mais aussi les lecteurs et les pouvoirs publics sur les dangers de cette situation, expliquer, informer, négocier, tout en évitant dialogue de sourds et manichéisme...
Les 3 et 4 juillet, le Bureau ivoirien du droit d’auteur (Burida), en partenariat avec l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (Ompi) et la Fédération internationale des organisations de droits de reproduction (Iffro) organisent un séminaire à Abidjan.
L’objectif, à en croire Mme Irène Viera, Dg du Burida, est de réglementer les contours juridiques, réglementaires et, surtout, de reproduction des œuvres de l’esprit liées aux métiers de l’imprimerie. En effet, à l’en croire, «les secteurs liés à l’édition et l’imprimerie se situent au rang des plus rentables de l’industrie culturelle ivoirienne. Il est donc impératif que les auteurs dont les œuvres font l’objet d’une telle utilisation puissent bénéficier des revenus générés». Il est donc évident que pour mériter pleinement son statut de société pluridisciplinaire, le Burida devra assurer, au profit des différents ayants droit, la perception et la répartition des droits qui relèvent de son champ de compétence, en donnant la priorité à ceux qui font l’objet d’une exploitation intensive. C’est justement ce critère qui a guidé le choix de la mise en œuvre prochaine de la gestion collective des droits de reproduction par reprographie.
Les objectifs de cet atelier, au dire de Mme Viera, sont de créer les conditions de l’exercice par le Burida des droits de reproduction par reprographie, notamment, par: «la mise sur pied d’un environnement juridique favorable ; la formation des agents du Burida chargés de la perception, la documentation et la répartition des droits de reprographie ; la sensibilisation des sociétaires, des utilisateurs et des autorités pour la création d’un cadre favorable à la gestion collective des droits de reprographie».
L’Iffro est un organisme indépendant établi sur la base des principes fondamentaux du droit d'auteur internationales énoncées dans les conventions de Berne et du Droit d'Auteur. Son but est de faciliter, sur une base internationale, la gestion collective des droits de reproduction et d'autres pertinentes aux œuvres protégées par le biais de la coopération des organisations nationales de droits de reproduction (Odr).
Héritier de la Société des auteurs compositeurs et éditeurs de musique (Sacem), société française, depuis sa création en 1981, le Bureau ivoirien du droit d’auteur s’est essentiellement illustré dans la gestion collective des droits musicaux au détriment de ses sociétaires relevant d’autres domaines artistiques tels que l’audiovisuel, les arts dramatiques, les arts visuels et la littérature.

REMI COULIBALY





LA PROTECTION DES OEUVRES DE L'ESPRIT, DES DROITS
DES AUTEURS, DES ARTISTES-INTERPRETES
ET DES PRODUCTEURS




DEUXIEME PARTIE :

DES DROITS DES ARTISTES-INTERPRETES ET
DES PRODUCTEURS DE PHONOGRAMMES ET VIDEOGRANBIES



TITRE II :

DU DROIT DES PRODUCTEURS  DE PHONOGRAMMES
ET DE VIDÉOGRAMMES ET DU DROIT DES ARTISTES





ARTICLE 78

Pour l'application de la présente loi, on entend par :

    copie : tout support contenant des sons et/ou des images établi directement ou indirectement à partir d'un phonogramme ou d'un vidéogramme et qui incorpore la totalité ou une partie des sons fixés dans ce phonogramme ou de sons et/ou des images fixés dans ce vidéogramme ;

    fixation : l'incorporation de sons, d'images ou de sons et d'images dans un support matériel ;

    phonogramme : toute fixation exclusivement sonore de sons provenant d'une exécution, ou d'autres sons ;

    vidéogramme : toute fixation d'une séquence d'images, sonorisée ou non;

    producteur de phonogramme : la personne physique ou morale quia l'initiative et la responsabilité de la, première fixation d'une séquence de son ;

    producteur de vidéogramme : la personne physique ou morale qui a l'initiative et la responsabilité de la première fixation d'une séquence d'image, sonorisée ou non ;

    publication : la mise à la disposition du public d'exemplaires d'un phonogramme ou d'un vidéogramme ;

    distribution ou mise à disposition du public : tout acte dont l'objet est d'offrir des copies d'un phonogramme ou d'un vidéogramme directement ou indirectement au public en général ou à toute partie de celui-ci ;

    reproduction : La réalisation d'une copie ou de plusieurs copies d'une fixation ou d'une partie de cette fixation ;

    artiste-interprète ou exécutant : à l'exclusion de l'artiste de complément, la personne qui représente, chante, récite, déclame, joue ou- exécute de toute autre manière une œuvre littéraire ou artistique, un numéro de variété, de cirque ou de marionnette ;

    artiste de complément : l'artiste considéré comme tel dans les usages professionnels (dans le domaine cinémato­graphique : figurant) ;

    entreprise de communication audiovisuelle : les organismes et les fournisseurs de service de communication audiovisuelle, titulaires d'une concession de service public ou déclarés ou autorisés ;

    satellite : tout dispositif situé dans l'espace extraterrestre et apte à transmettre des signaux ;

    télédiffusion : la diffusion par tout procédé de télécommunication de sons, d'images, de documents, de données et de messages de toute nature ;

    appareil enregistreur audionumérique : tout appareil d'enregistrement sonore utilisant les procédés numériques, y compris le cas où un tel appareil est incorporé dans un ensemble à multi-fonctions ;

    dispositif anticopie audionumérique : un système incorporé dans un appareil enregistreur audionumérique qui, s'il est- enlevé, contourné ou désactivé, rend inopérante la fonction d'enregistrement de l'appareil, qui détecte en permanence les codes introduits dans les enregistrements audionumériques et qui, à la détection d'un tel Code, interrompt automatiquement la fonction d'enregistrement de l'appareil pendant une durée d'au' moins vingt-cinq secondes.





ARTICLE 79

Les droits des producteurs de phonogrammes et de vidéogrammes et les droits des artistes ne portent pas atteinte aux droits des auteurs. En conséquence, aucune disposition du présent titre ne doit être interprétée de manière à limiter l'exercice du droit d'auteur par ses titulaires.

En l'absence de personne justifiant d'un intérêt pour agir, le ministre chargé de la Culture peut saisir l'autorité judiciaire, notamment s'il n'y a pas d'ayant-droit connu, ou en cas de vacance ou de déshérence.





ARTICLE 80

L'artiste-interprète a le droit au respect de son nom, de sa qualité et de son interprétation.

Ce droit inaliénable et imprescriptible est attaché à sa personne. Il est transmissible à ses héritiers pour la protection de l'interprétation et de la mémoire du défunt.





ARTICLE 81

Sont soumises à l'autorisation écrite de l'artiste-interprète la fixation, la reproduction et la communication au public, de sa prestation, ainsi que toute utilisation séparée du son et de l'image de la prestation lorsque celle-ci a été fixée à la fois pour le son et l'image.

Cette autorisation et les rémunérations auxquelles elle donne lieu sont régies par les dispositions du Code pénal et par la Convention collective interprofessionnelle de la République de Côte d'Ivoire relatives au salaire.





ARTICLE 82

La signature du contrat conclu entre un artiste-interprète et un producteur pour la réalisation d'une œuvre audiovisuelle vaut autorisation de fixer, reproduire et communiquer au public la prestation de l'artiste-interprète.

Ce contrat fixe une rémunération distincte pour chaque mode d'exploitation de l'œuvre.

Lorsque ni le contrat, ni une Convention collective ne mentionne de rémunération pour un ou plusieurs modes d'exploitation, le niveau de celle-ci est fixé par référence à des barèmes établis par voie d'Accords spécifiques conclus dans chaque secteur d'activité entre les Organisations de salariés et d'employeurs représentatives de la profession.

Les contrats passés entre un artiste-interprète et un producteur d'œuvre audiovisuelle ou leurs cessionnaires antérieurement à la présente loi, sont soumis aux dispositions qui précèdent en ce qui concerne les modes d'exploitation qu'ils excluaient, la rémunération correspondante n'a pas le caractère de salaire. Ce droit à rémunération s'éteint au décès de, l'artiste interprète.





ARTICLE 83

La reproduction, la commercialisation, l'échange ou le louage, la communication au public des phonogrammes ou des vidéogrammes sont soumis à l'autorisation préalable du producteur.





ARTICLE 84

Les droits reconnus au producteur d'un vidéo­gramme en vertu de l'article précédent, les droits d'auteur et les droits des artistes-interprètes dont il disposerait sur 1 œuvre fixée sur ce vidéogramme ne peuvent faire l'objet de cessions séparées.





ARTICLE 85

Lorsqu'un phonogramme a été publié à des fins commerciales, l'artiste-interprète et le producteur ne peuvent s'opposer :

    à sa communication directe dans un lieu public, dès lors qu'il n'est pas utilisé dans un spectacle ;

    à sa radiodiffusion.

L'utilisation de phonogrammes publiés à des fins de commerce, quel que soit le lieu de fixation de ces phonogrammes, ouvre droit à rémunération au profit des artistes-interprètes et des producteurs.

Cette rémunération est versée par les personnes qui utilisent les phonogrammes publiés à des fins de commerce dans les conditions mentionnées aux alinéas premier et 2 du présent article.

Elle est assise sur les recettes de l'exploitation ou, à défaut, évaluée forfaitairement dans les cas prévus à l'article 43 de la présente loi.

Elle est répartie par moitié entre les artistes-interprètes et les producteurs de phonogrammes.

Des Accords spécifiques à chaque branche d'activité entre les organismes professionnels de producteurs ou d'artistes agréés (chargés de répartir la rémunération entre ayants-droit) et des personnes utilisant des phonogrammes dans les conditions mentionnées aux alinéas 1 et 2 du présent article, interviennent pour fixer le taux de rémunération et le mode de versement de celle-ci.

Ces Accords doivent préciser les modalités selon lesquelles !es personnes utilisant les phonogrammes dans ces mêmes conditions s'acquittent de leur obligation de fournir aux organismes professionnels de producteurs ou d'artistes agréés le programme exact des utilisations auxquelles elles procèdent et tous les éléments documentaires indispensables à la répartition des droits.

Les stipulations de ces Accords peuvent être rendues obligatoires pour l'ensemble des intéressés dans les conditions définies par décret en Conseil des ministres.

A défaut d'Accord dans les six mois de l'entrée en vigueur de la présente loi ou si aucun accord n'est intervenu à l'expiration du  précédent accord ou de la période de validité d'un précédent secret, le barème de rémunération et les modalités de versement de la rémunération sont fixés par les autorités judiciaires compétentes.





ARTICLE 86

La reproduction des programmes ainsi que leur commercialisation, leur louage ou leur échange, leur télédiffusion et leur communication au public dans un lieu accessible à celui-ci moyennant paiement d'un droit d'entrée sont soumises à l'autorisation préalable de l'entreprise de communication audiovisuelle.





ARTICLE 87

Les dispositions de la présente loi sont applicables aux producteurs de phonogrammes et de vidéogrammes, quels que soient le lieu de la fixation et la nationalité des producteurs et des artistes.





ARTICLE 88

Les limitations prévues aux articles 31, 32 et 33 de la présente loi sont applicables également aux artistes-interprètes et aux producteurs de phonogrammes et vidéogrammes.





ARTICLE 89

La durée des droits patrimoniaux, objet de la deuxième partie de la présente loi est de quatre-vingt-dix-neuf années à compter du 1er  janvier de l'année civile suivant celle de la première communication publique de l'interprétation de l'œuvre, de sa production ou des programmes et ce, même si les interprétations et la fixation sont antérieures à la date d'entrée en vigueur de la présente loi.